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Le langage des fleurs (f. Levius)
Jeu 11 Juil 2019 - 19:26
le langage des fleurs
Le début d'après-midi débutait à peine et le soleil frappait les parois de verre de toutes ses forces. À l'intérieur de la serre, la chaleur se mêlait à l'humidité des plantes tout juste arrosées. Le silence était ponctué de milliers de petits bruits ; ici, le léger claquement des plantes carnivores dont les dents vert anis dépassaient de leur gueule de croqus ; là, le chuintement des pétales dont la nuance changeait selon leur humeur. Orange, elles étaient dociles, pourpre, elles perdaient de leur douceur.
Ilya était entrain d'observer le camaïeux de l'une de ces fleurs tituber entre les deux teintes. Elle avait posé son menton sur ses bras croisés, posés sur le rebord du plan de travail, et ses deux grands yeux bleus suivaient les mouvements très légers de la plante.
Orange.
Pourpre.
Les pétales s'ouvraient et se refermaient, comme s'ils respiraient, et Ilya suivait le mouvement en dodelinant de la tête. Orange. Gauche. Pourpre. Droite. La jeune sorcière s'arrêta soudain et les pétales firent de même.
Un fin sourire éclaira son visage lorsque la couleur se fixa sur citrouille.
Ses conversations silencieuses avec les plantes de la serre s'étaient muées en de multiples rendez-vous hebdomadaires au fil des ans. Elle appréciait la sérénité qu'elles lui procuraient et ces doux échanges sans mot, mais gorgées de couleurs et de sensations. C'était durant la saison chaude qu'elle préférait s'y poser : il y faisait bien trop chaud pour la plupart des étudiants qui préféraient se rafraîchir près des points d'eau. Ilya aussi aurait bien voulu tremper ses pieds dans une rivière, mais les coins sauvages étaient bien trop éloignés, et les moins sauvages bien trop peuplés. Alors elle sommeillait sous les brumisateurs de la serre, les cheveux trempés à force du temps passé, une simple tunique noire tombant jusqu'au bas des genoux.
Ça et là, près des vitres du fond, quelques jardiniers faisaient semblant de travailler.
Ilya ne les avait jamais dénoncés et, en échange, ils la laissaient occuper les lieux aussi longtemps qu'elle le souhaitait.
La tête bien calée sur son oreiller de fortune, Ilya commençait tout juste à somnoler lorsqu'un grincement lui fit lever le nez en l'air. La porte de la serre venait de s'ouvrir et, derrière elle, se tenait un homme qu'elle n'avait encore jamais vu. La petite blonde se redressa un peu. Le nouveau venu transportait des cagettes dans ses bras, et ces cagettes étaient remplies de boutures qu'elle ne reconnaissait pas. Elle fronça le nez et, ni une ni deux, quitta son abri pour s'approcher sur la pointe des pieds. Ses chaussures, gorgées d'eau, laissaient échapper de drôles de scrouitch à chacun de ses pas. Niveau discrétion, c'était raté.
- C'est quoi ? demanda-t-elle le plus simplement du monde lorsqu'elle parvint à hauteur du sorcier, les yeux rivés sur les plantes qui gigotaient dans leur pot.
Le début d'après-midi débutait à peine et le soleil frappait les parois de verre de toutes ses forces. À l'intérieur de la serre, la chaleur se mêlait à l'humidité des plantes tout juste arrosées. Le silence était ponctué de milliers de petits bruits ; ici, le léger claquement des plantes carnivores dont les dents vert anis dépassaient de leur gueule de croqus ; là, le chuintement des pétales dont la nuance changeait selon leur humeur. Orange, elles étaient dociles, pourpre, elles perdaient de leur douceur.
Ilya était entrain d'observer le camaïeux de l'une de ces fleurs tituber entre les deux teintes. Elle avait posé son menton sur ses bras croisés, posés sur le rebord du plan de travail, et ses deux grands yeux bleus suivaient les mouvements très légers de la plante.
Orange.
Pourpre.
Les pétales s'ouvraient et se refermaient, comme s'ils respiraient, et Ilya suivait le mouvement en dodelinant de la tête. Orange. Gauche. Pourpre. Droite. La jeune sorcière s'arrêta soudain et les pétales firent de même.
Un fin sourire éclaira son visage lorsque la couleur se fixa sur citrouille.
Ses conversations silencieuses avec les plantes de la serre s'étaient muées en de multiples rendez-vous hebdomadaires au fil des ans. Elle appréciait la sérénité qu'elles lui procuraient et ces doux échanges sans mot, mais gorgées de couleurs et de sensations. C'était durant la saison chaude qu'elle préférait s'y poser : il y faisait bien trop chaud pour la plupart des étudiants qui préféraient se rafraîchir près des points d'eau. Ilya aussi aurait bien voulu tremper ses pieds dans une rivière, mais les coins sauvages étaient bien trop éloignés, et les moins sauvages bien trop peuplés. Alors elle sommeillait sous les brumisateurs de la serre, les cheveux trempés à force du temps passé, une simple tunique noire tombant jusqu'au bas des genoux.
Ça et là, près des vitres du fond, quelques jardiniers faisaient semblant de travailler.
Ilya ne les avait jamais dénoncés et, en échange, ils la laissaient occuper les lieux aussi longtemps qu'elle le souhaitait.
La tête bien calée sur son oreiller de fortune, Ilya commençait tout juste à somnoler lorsqu'un grincement lui fit lever le nez en l'air. La porte de la serre venait de s'ouvrir et, derrière elle, se tenait un homme qu'elle n'avait encore jamais vu. La petite blonde se redressa un peu. Le nouveau venu transportait des cagettes dans ses bras, et ces cagettes étaient remplies de boutures qu'elle ne reconnaissait pas. Elle fronça le nez et, ni une ni deux, quitta son abri pour s'approcher sur la pointe des pieds. Ses chaussures, gorgées d'eau, laissaient échapper de drôles de scrouitch à chacun de ses pas. Niveau discrétion, c'était raté.
- C'est quoi ? demanda-t-elle le plus simplement du monde lorsqu'elle parvint à hauteur du sorcier, les yeux rivés sur les plantes qui gigotaient dans leur pot.
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Re: Le langage des fleurs (f. Levius)
Mar 16 Juil 2019 - 19:37
Dans le monde de l'horticulture magique, la période estivale était propice aux livraisons. Les plantes étaient matures et les établissements en lien avec la botanique (boutique de potion, fleuristeries magiques et ainsi de suite) profitaient de la baisse d'activité pour refaire leur stock.
Hungcalf n'était pas en reste, puisqu'il s'agissait de refaire une beauté à la collection (potentiellement) abîmée par les mains estudiantines tout au long de l'année scolaire. L'art de soigner la flore était un apprentissage long et rigoureux. En la matière, on ne comptait plus (au propre comme au figuré) les pots cassés.
Levius était toujours heureux de venir à l'Université. Cela lui rappelait ses années d'études, avant qu'il ne parte pour les États-Unis. Une époque qui semblait tout à la fois proche et lointaine, car cela remontait à moins de dix ans (c'est à dire pas grand chose à l'échelle d'une vie), mais d'un autre côté, il avait accompli de très nombreuses choses depuis lors.
L'atmosphère des serres lui procurait toujours un sentiment de nostalgie très particulier. Difficile de le décrire sans éprouver un tumulte d'émotions mêlé de souvenirs sans grand rapport les uns avec les autres. Néanmoins, le goût du passé prenait rapidement le pas sur tout le reste. Alors, Levius se saisissait de ces instants comme on le ferait d'une bulle d'air au fond de la mer : une parenthèse dans un quotidien chargé.
Le jeune homme avait transféré le gros de la livraison devant la porte de la serre. Maintenant, il s'agissait de tout ranger à l'intérieur. Sans plus attendre, Levius commença donc le train train habituel (à force, il avait ses marques) en transportant une première cagette.
Il n'avait pas spécialement remarqué la présence de la jeune fille qui s'en vint bientôt à sa rencontre. Comme toujours, il était dans son monde et ne prêtait guère beaucoup d'attention aux êtres vivants de son espèce. Cela dit, il fut rapidement frappé par l'impression (un peu étrange et totalement subjective) de se trouver face à... Un semblable (à défaut d'un meilleur adjectif).
Peut-être était-ce l'alliance d'une allure trempée avec d'une attitude nonchalante, surmonté de cette façon toute à la fois directe et naturelle d'aborder l'autre... Levius n'en savait rien (d'ailleurs il ne se posait pas la question). Toujours est-il que, pour une fois, il ne se sentait pas intimidé par un étranger.
D'ailleurs, quand il la regarda (très furtivement et rapidement, conformément à son habitude) il trouva immédiatement qu'elle dégageait quelque chose de très jaune. Cela semblait d'autant plus remarquable qu'on était jeudi : le jour jaune par excellence. Estimation tout à fait subjective, là encore, mais parfaitement censé pour un intuitif.
Levius réagit donc par un petit haussement d'épaule et un vague raclement de gorge, avant de s'enhardir à une réponse.
« Hé bien... Ce sont des Chamanites Groshaton. Dit-il. On les arroses avec un mélange de lait et d'engrais et ça... ça fait des spores qui, arrivés à maturité, servent dans les potions de nyctalopie.
Il posa la cagette sur un plan de travail et commença à disposer les pots en ligne. Les chamanites ressemblaient à un mélange entre un champignon et une tête de chat. Elles étaient, bien évidemment, adorables à regarder. Cependant, Levius s'autorisa une petite mise en garde.
« On peut les caresser, mais il faut bien se laver les mains après, car la peau est vénéneuse.
Comme il portait des gants, Levius fit une petite démonstration en grattant une chamanite derrière l'oreille. Aussitôt, la plante commença à ronronner et cligner de ses pseudo-yeux globuleux.
Hungcalf n'était pas en reste, puisqu'il s'agissait de refaire une beauté à la collection (potentiellement) abîmée par les mains estudiantines tout au long de l'année scolaire. L'art de soigner la flore était un apprentissage long et rigoureux. En la matière, on ne comptait plus (au propre comme au figuré) les pots cassés.
Levius était toujours heureux de venir à l'Université. Cela lui rappelait ses années d'études, avant qu'il ne parte pour les États-Unis. Une époque qui semblait tout à la fois proche et lointaine, car cela remontait à moins de dix ans (c'est à dire pas grand chose à l'échelle d'une vie), mais d'un autre côté, il avait accompli de très nombreuses choses depuis lors.
L'atmosphère des serres lui procurait toujours un sentiment de nostalgie très particulier. Difficile de le décrire sans éprouver un tumulte d'émotions mêlé de souvenirs sans grand rapport les uns avec les autres. Néanmoins, le goût du passé prenait rapidement le pas sur tout le reste. Alors, Levius se saisissait de ces instants comme on le ferait d'une bulle d'air au fond de la mer : une parenthèse dans un quotidien chargé.
Le jeune homme avait transféré le gros de la livraison devant la porte de la serre. Maintenant, il s'agissait de tout ranger à l'intérieur. Sans plus attendre, Levius commença donc le train train habituel (à force, il avait ses marques) en transportant une première cagette.
Il n'avait pas spécialement remarqué la présence de la jeune fille qui s'en vint bientôt à sa rencontre. Comme toujours, il était dans son monde et ne prêtait guère beaucoup d'attention aux êtres vivants de son espèce. Cela dit, il fut rapidement frappé par l'impression (un peu étrange et totalement subjective) de se trouver face à... Un semblable (à défaut d'un meilleur adjectif).
Peut-être était-ce l'alliance d'une allure trempée avec d'une attitude nonchalante, surmonté de cette façon toute à la fois directe et naturelle d'aborder l'autre... Levius n'en savait rien (d'ailleurs il ne se posait pas la question). Toujours est-il que, pour une fois, il ne se sentait pas intimidé par un étranger.
D'ailleurs, quand il la regarda (très furtivement et rapidement, conformément à son habitude) il trouva immédiatement qu'elle dégageait quelque chose de très jaune. Cela semblait d'autant plus remarquable qu'on était jeudi : le jour jaune par excellence. Estimation tout à fait subjective, là encore, mais parfaitement censé pour un intuitif.
Levius réagit donc par un petit haussement d'épaule et un vague raclement de gorge, avant de s'enhardir à une réponse.
« Hé bien... Ce sont des Chamanites Groshaton. Dit-il. On les arroses avec un mélange de lait et d'engrais et ça... ça fait des spores qui, arrivés à maturité, servent dans les potions de nyctalopie.
Il posa la cagette sur un plan de travail et commença à disposer les pots en ligne. Les chamanites ressemblaient à un mélange entre un champignon et une tête de chat. Elles étaient, bien évidemment, adorables à regarder. Cependant, Levius s'autorisa une petite mise en garde.
« On peut les caresser, mais il faut bien se laver les mains après, car la peau est vénéneuse.
Comme il portait des gants, Levius fit une petite démonstration en grattant une chamanite derrière l'oreille. Aussitôt, la plante commença à ronronner et cligner de ses pseudo-yeux globuleux.
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Re: Le langage des fleurs (f. Levius)
Jeu 18 Juil 2019 - 0:13
le langage des fleurs
Ilya avait les yeux rivés sur les petites plantes en pot. Ses yeux curieux suivaient les mouvements, infimes, des feuilles qui se penchaient pour mieux courir après le soleil. La jeune sorcière était ravie. Elle n'avait jamais vu de tels spécimens et elle était déjà impatiente de les coucher sur le papier de son carnet d'exploration. Elle y griffonnait toutes les nouvelles plantes et créatures qu'elle découvrait avant que les détails ne s'échappent et, ensuite, elle plongeait son nez dans ses ouvrages de référence afin de compléter ses pages. La poussière la faisait souvent tousser et, après une journée de recherche, ses yeux la piquaient bien trop pour qu'elle puisse relire ses notes. Alors elle retenait tout, autant qu'elle le pouvait. Sa mémoire était visuelle. Elle dessinait. Ses esquisses n'étaient pas forcément très jolies ; par contre, elles étaient très fidèles, et les petites notes en pattes de mouche qui les accompagnaient ne s'embarrassaient jamais des détails. Tout noter avant d'oublier. C'était une course contre la montre.
Rien à voir avec sa façon actuelle d'observer le nouveau venu.
— Hé bien... Ce sont des Chamanites Groshaton. On les arroses avec un mélange de lait et d'engrais et ça... ça fait des spores qui, arrivés à maturité, servent dans les potions de nyctalopie.
Ilya se concentra sur le mouvement de ses lèvres lorsqu'il lui répondit. Ça l'aidait à affronter les gens ; à ne pas les regarder dans les yeux, à éviter la confrontation, l'agressivité qu'elle recevait souvent. Ça ne la touchait plus vraiment. C'était surtout gênant.
Mais le livreur ne semblait pas hostile et la jeune sorcière esquissa un large sourire dont les coins étirés vinrent presque toucher ses oreilles. Lui non plus ne laissa guère son regard s'attarder sur elle, et quelque part, cela la mit en confiance. Elle avait le sentiment de se voir en lui.
— Oh, c'est vrai qu'elles ressemblent à des chatons, murmura-t-elle comme s'il s'agissait d'une confidence.
L'homme sortit les pots de sa cagette et les disposa en ligne. Ilya appuya sa joue sur la planche qui les avait accueillis, le regard à la même hauteur que les têtes de champignon. Si elle ouvrait suffisamment les oreilles, elle aurait presque crû les entendre ronronner.
— Est-ce que les spores servent à stabiliser la transformation, comme avec les graines de Myrrh ? le questionna-t-elle entre deux lignées de Chamanites.
Ses mèches blondes détrempées erraient sur ses épaules et quelques gouttes s'étaient réfugiées sur ses cils. Avec le soleil qui tapait si fort, elle séchait déjà.
Puis la main gantée de l'homme aux plantes s'avança et vint gratouiller l'une des plantes, et devant la réaction immédiate de la plante, Ilya laissa échapper un petit rire. Ah, elle avait donc bien entendu un ronronnement, tout à l'heure !
— Oh ! C'est adorable !
La jeune sorcière coinça le bout de sa langue entre ses dents et avança sa main à son tour. Elle effleura le sommet de l'un des champignons. Puis, voyant qu'il ne tentait pas de la mordre, elle se montra plus téméraire et le caressa précautionneusement, de la "truffe" au bas de la nuque. Le ronronnement s'amplifia et Ilya gigota d'amusement.
— Est-ce que je peux aider à m'occuper d'eux ? fit-elle en levant des yeux pleins d'espoir. On peut les nourrir ?
Ilya avait les yeux rivés sur les petites plantes en pot. Ses yeux curieux suivaient les mouvements, infimes, des feuilles qui se penchaient pour mieux courir après le soleil. La jeune sorcière était ravie. Elle n'avait jamais vu de tels spécimens et elle était déjà impatiente de les coucher sur le papier de son carnet d'exploration. Elle y griffonnait toutes les nouvelles plantes et créatures qu'elle découvrait avant que les détails ne s'échappent et, ensuite, elle plongeait son nez dans ses ouvrages de référence afin de compléter ses pages. La poussière la faisait souvent tousser et, après une journée de recherche, ses yeux la piquaient bien trop pour qu'elle puisse relire ses notes. Alors elle retenait tout, autant qu'elle le pouvait. Sa mémoire était visuelle. Elle dessinait. Ses esquisses n'étaient pas forcément très jolies ; par contre, elles étaient très fidèles, et les petites notes en pattes de mouche qui les accompagnaient ne s'embarrassaient jamais des détails. Tout noter avant d'oublier. C'était une course contre la montre.
Rien à voir avec sa façon actuelle d'observer le nouveau venu.
— Hé bien... Ce sont des Chamanites Groshaton. On les arroses avec un mélange de lait et d'engrais et ça... ça fait des spores qui, arrivés à maturité, servent dans les potions de nyctalopie.
Ilya se concentra sur le mouvement de ses lèvres lorsqu'il lui répondit. Ça l'aidait à affronter les gens ; à ne pas les regarder dans les yeux, à éviter la confrontation, l'agressivité qu'elle recevait souvent. Ça ne la touchait plus vraiment. C'était surtout gênant.
Mais le livreur ne semblait pas hostile et la jeune sorcière esquissa un large sourire dont les coins étirés vinrent presque toucher ses oreilles. Lui non plus ne laissa guère son regard s'attarder sur elle, et quelque part, cela la mit en confiance. Elle avait le sentiment de se voir en lui.
— Oh, c'est vrai qu'elles ressemblent à des chatons, murmura-t-elle comme s'il s'agissait d'une confidence.
L'homme sortit les pots de sa cagette et les disposa en ligne. Ilya appuya sa joue sur la planche qui les avait accueillis, le regard à la même hauteur que les têtes de champignon. Si elle ouvrait suffisamment les oreilles, elle aurait presque crû les entendre ronronner.
— Est-ce que les spores servent à stabiliser la transformation, comme avec les graines de Myrrh ? le questionna-t-elle entre deux lignées de Chamanites.
Ses mèches blondes détrempées erraient sur ses épaules et quelques gouttes s'étaient réfugiées sur ses cils. Avec le soleil qui tapait si fort, elle séchait déjà.
Puis la main gantée de l'homme aux plantes s'avança et vint gratouiller l'une des plantes, et devant la réaction immédiate de la plante, Ilya laissa échapper un petit rire. Ah, elle avait donc bien entendu un ronronnement, tout à l'heure !
— Oh ! C'est adorable !
La jeune sorcière coinça le bout de sa langue entre ses dents et avança sa main à son tour. Elle effleura le sommet de l'un des champignons. Puis, voyant qu'il ne tentait pas de la mordre, elle se montra plus téméraire et le caressa précautionneusement, de la "truffe" au bas de la nuque. Le ronronnement s'amplifia et Ilya gigota d'amusement.
— Est-ce que je peux aider à m'occuper d'eux ? fit-elle en levant des yeux pleins d'espoir. On peut les nourrir ?
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Re: Le langage des fleurs (f. Levius)
Mer 24 Juil 2019 - 9:43
Levius acquiesça doucement. Il avait toujours l'impression de déranger dès que la conversation en venait aux plantes. Il fallait dire que les passionnés de botanique étaient plutôt rares, en général (car dans les faits, Levius ne côtoyait que ça). Éternellement mal à l'aise en société, il se figurait que dans les discussions ordinaires, l'on préférait plutôt parler quidditch... Cela dit, il apparaissait (de manière assez évidente) que son interlocutrice se réjouissait d'en apprendre plus sur les spécimens qu'il tenait. Pourquoi donc s'inquiéter alors ? Levius se rendait bien compte que sa nervosité était le fruit résiduel d'une timidité constitutive.
Il prit donc un moment pour observer la jeune femme, quand celle-ci s'abaissa pour observer les champignons magiques et qu'il était bien sûr qu'elle ne le voyait pas. Levius trouvait dans cette allure candide quelque chose d'éthéré. Elle avait les yeux bleus et les cheveux argent, pourtant tout semblait vibrer en jaune dans ce corps. C'était comme une énergie, un éclat : il ne savait pas. Ses sens lui faisaient parfois voir des choses qui n'existaient que pour lui. Comment le comprendre néanmoins ? Levius demeurait bien démuni.
« On s'en sert pour stimuler la formation d'une pseudo membrane photosensible à la surface de la rétine. Répondit Levius, sans se départir de ses pensées, avec l'exactitude d'un livre. Mais en effet, les graines de Myrrh sont utiles pour circonscrire les effets au niveau des yeux... Autrement on se retrouve avec des moustaches et la voix souffre de miaulements intempestifs.
Préparer correctement des potions était un art bien subtil. Tout était question d'équilibre et il fallait souvent contrer les effets d'un ingrédient par un autre. Une sorte de jeu de carte sorcier impliquant un chaudron et des ingrédients bizarres. Levius avait toujours adoré cela et comme pour toutes les choses qu'il adorait, il y brillait.
Cela dit, la simplicité avec laquelle cette demoiselle s'amusait des chamanites lui rappelait qu'au delà des recettes et des soins calculés, se trouvait la joie pure du lien que l'on crée avec les éléments de la nature. S'émerveiller des fruits de la terre, disparaître autour d'eux et contempler. Cette sensation là, c'était précisément ce qui le maintenait en vie, Levius. Il aurait bien de la peine à ne vivre qu'au milieu des autres, sans jamais s'arrêter au bord du chemin pour regarder et respirer. Alors, naturellement, ce qu'il voyait briller dans les yeux de cette jeune femme en ce moment même, il le comprenait.
« Oui...
Répondit-il à sa demande, détournant le regard d'un air effarouché mais sincère. Levius avait oublié le travail pendant un instant. Il avait laissé le fil de ses songes le mener aux voluptés de la contemplation et comme il en revenait, il se sentait nu. Qui plus est, l'expression dans les yeux de cette demoiselle lui faisait forte impression : un peu comme une bousculade. Il se reprit cependant en enchaînant au sujet des soins appropriés à administrer aux chamanites.
« Ils ont déjà reçu leur dose de lait, mais tu peux leur donner de l'huile de poisson si tu veux.
Di-il en dégainant sa baguette de bouleau blanche, afin de faire venir, un « accio » sa mallette de matériel. Il l'ouvrit et en retira une sorte de flacon de verre muni d'un poussoir en argent. A l'intérieur se trouvait un liquide rosâtre de texture épaisse et huileuse.
« Ils aiment bien ça... Dit-il en souriant timidement, comme il lui tendait le flacon. Ça permet de fortifier l'organisme et rendre les moustaches plus soyeuses.
Levius aurait pu en profiter pour poser des tas de questions (comme son prénom, la raison de sa présence ici ou sa filière par exemple), mais il ne le fit pas. Il était de ces gens qui considèrent que nourrir des champignons à tête de chat est une chose infiniment plus importante et intéressante que de s'inquiéter des détails administratifs de l'existence. Ainsi, pour l'heure ils en étaient là... Pour le reste, ils verraient après. Peut-être.
Il prit donc un moment pour observer la jeune femme, quand celle-ci s'abaissa pour observer les champignons magiques et qu'il était bien sûr qu'elle ne le voyait pas. Levius trouvait dans cette allure candide quelque chose d'éthéré. Elle avait les yeux bleus et les cheveux argent, pourtant tout semblait vibrer en jaune dans ce corps. C'était comme une énergie, un éclat : il ne savait pas. Ses sens lui faisaient parfois voir des choses qui n'existaient que pour lui. Comment le comprendre néanmoins ? Levius demeurait bien démuni.
« On s'en sert pour stimuler la formation d'une pseudo membrane photosensible à la surface de la rétine. Répondit Levius, sans se départir de ses pensées, avec l'exactitude d'un livre. Mais en effet, les graines de Myrrh sont utiles pour circonscrire les effets au niveau des yeux... Autrement on se retrouve avec des moustaches et la voix souffre de miaulements intempestifs.
Préparer correctement des potions était un art bien subtil. Tout était question d'équilibre et il fallait souvent contrer les effets d'un ingrédient par un autre. Une sorte de jeu de carte sorcier impliquant un chaudron et des ingrédients bizarres. Levius avait toujours adoré cela et comme pour toutes les choses qu'il adorait, il y brillait.
Cela dit, la simplicité avec laquelle cette demoiselle s'amusait des chamanites lui rappelait qu'au delà des recettes et des soins calculés, se trouvait la joie pure du lien que l'on crée avec les éléments de la nature. S'émerveiller des fruits de la terre, disparaître autour d'eux et contempler. Cette sensation là, c'était précisément ce qui le maintenait en vie, Levius. Il aurait bien de la peine à ne vivre qu'au milieu des autres, sans jamais s'arrêter au bord du chemin pour regarder et respirer. Alors, naturellement, ce qu'il voyait briller dans les yeux de cette jeune femme en ce moment même, il le comprenait.
« Oui...
Répondit-il à sa demande, détournant le regard d'un air effarouché mais sincère. Levius avait oublié le travail pendant un instant. Il avait laissé le fil de ses songes le mener aux voluptés de la contemplation et comme il en revenait, il se sentait nu. Qui plus est, l'expression dans les yeux de cette demoiselle lui faisait forte impression : un peu comme une bousculade. Il se reprit cependant en enchaînant au sujet des soins appropriés à administrer aux chamanites.
« Ils ont déjà reçu leur dose de lait, mais tu peux leur donner de l'huile de poisson si tu veux.
Di-il en dégainant sa baguette de bouleau blanche, afin de faire venir, un « accio » sa mallette de matériel. Il l'ouvrit et en retira une sorte de flacon de verre muni d'un poussoir en argent. A l'intérieur se trouvait un liquide rosâtre de texture épaisse et huileuse.
« Ils aiment bien ça... Dit-il en souriant timidement, comme il lui tendait le flacon. Ça permet de fortifier l'organisme et rendre les moustaches plus soyeuses.
Levius aurait pu en profiter pour poser des tas de questions (comme son prénom, la raison de sa présence ici ou sa filière par exemple), mais il ne le fit pas. Il était de ces gens qui considèrent que nourrir des champignons à tête de chat est une chose infiniment plus importante et intéressante que de s'inquiéter des détails administratifs de l'existence. Ainsi, pour l'heure ils en étaient là... Pour le reste, ils verraient après. Peut-être.
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Re: Le langage des fleurs (f. Levius)
Mer 24 Juil 2019 - 16:49
le langage des fleurs
Ilya déplaça la pulpe de son doigt le long du chapeau d'une des Chamanites, les yeux lovés sur le champignon, étincelant de cette curiosité et de cette adoration qui la gardaient parfois éveillée des nuits entières. Le monde entier était pour elle un terrain de jeu, mais certaines découvertes recelaient parfois davantage de trésors.
La serre était son endroit favori. Combien d'heures avait-elle perdues – gagnées ? – ici, loin du tumulte de l'université, à contempler la vie qui s'éveille au rythme du soleil ? Elle s'était habituée à être seule, à observer ses petits trésors qui ne semblaient avoir d'intérêt que pour elle. Elle avait pris ses habitudes, même. Mais aujourd'hui, avec le jeune homme à ses côtés, elle échangeait, apprenait, et découvrait d'une toute autre manière. Son engouement se reflétait tout autant dans les paroles presque encyclopédiques du sorcier. Elle pouvait deviner, dans ses gestes, ses paroles, l'amour qu'il portait à ses plantes. Une sensation de familiarité qu'elle n'avait encore jamais ressentie en côtoyant les autres employés de la serre. Eux se contentaient de naviguer parmi les plantes, objets inertes, qui n'avaient d'intérêts que ce qu'elles pouvaient leur offrir. Ilya, elle, respirait au même rythme qu'elles. Elle sourit.
— Vraiment ? Tu veux dire qu'on serait capable de voir dans le noir ET d'avoir des moustaches ? Mais pourquoi ajouter les graines de Myrrh, alors ? l'interrogea-t-elle comme si c'était la chose la plus illogique qu'elle eut entendue.
Elle accompagna sa question d'un geste près des joues, mima les moustaches, et laissa échapper un éclat de rire. La jeune Summerbee s'imaginait déjà arpenter les nuits sauvages en miaulant comme une dératée. Pas très sécuritaire lors d'une échappée en pleine forêt, mais elle était certaine d'en revenir avec d'excellents souvenirs. Peut-être qu'elle tenterait de confectionner cette potion. Elle n'était pas très douée en la matière, cependant...
— Est-ce qu'on risque autre chose avec une potion mal concoctée ? osa-t-elle demander avec une pointe de honte dans la voix.
Le risque imaginé de cette potion quitta cependant vite son esprit lorsque l'homme l'autorisa à nourrir les Chamanites. Il détourna les yeux un instant et, cette fois, Ilya décela son mouvement. Il ne semblait pas entièrement à l'aise. Pourtant, Ilya trouvait qu'il était l'un des rares à ne pas détonner parmi la flore environnante, doucereuse et belle à la fois. Il avait des mains faites pour le travail des plantes, et cette aura, dans son regard, qui transportait tant.
— Ils sont vraiment comme des chats, hein...
Elle murmura, amusée, tandis que le sorcier appelait un petit flacon à l'aide d'un accio. Ilya l'attrapa des deux mains lorsqu'il le lui tendit, d'un sourire timide, auquel elle répondit d'un petit soubresaut enjoué des épaules. Elle rayonnait, trop heureuse de pouvoir interagir avec une nouvelle espèce. Elle avait l'impression qu'il partageait un secret avec elle, et elle se sentit privilégiée. Son cœur se réchauffa de bonheur.
— Merci !
Puis, après avoir observé le flacon juste au bout de son nez, elle ajouta :
— Comment dois-je faire ? Je peux déposer une goutte sur le doigt ?
Elle se retenait de sautiller d'enthousiasme, les leçons d'éducation de son père toujours ancrée au fond de son esprit. Toujours être mesurée, lui rappelait-il sans cesse. Mais comment pouvait-elle l'être dans un instant pareil ?
Ilya déplaça la pulpe de son doigt le long du chapeau d'une des Chamanites, les yeux lovés sur le champignon, étincelant de cette curiosité et de cette adoration qui la gardaient parfois éveillée des nuits entières. Le monde entier était pour elle un terrain de jeu, mais certaines découvertes recelaient parfois davantage de trésors.
La serre était son endroit favori. Combien d'heures avait-elle perdues – gagnées ? – ici, loin du tumulte de l'université, à contempler la vie qui s'éveille au rythme du soleil ? Elle s'était habituée à être seule, à observer ses petits trésors qui ne semblaient avoir d'intérêt que pour elle. Elle avait pris ses habitudes, même. Mais aujourd'hui, avec le jeune homme à ses côtés, elle échangeait, apprenait, et découvrait d'une toute autre manière. Son engouement se reflétait tout autant dans les paroles presque encyclopédiques du sorcier. Elle pouvait deviner, dans ses gestes, ses paroles, l'amour qu'il portait à ses plantes. Une sensation de familiarité qu'elle n'avait encore jamais ressentie en côtoyant les autres employés de la serre. Eux se contentaient de naviguer parmi les plantes, objets inertes, qui n'avaient d'intérêts que ce qu'elles pouvaient leur offrir. Ilya, elle, respirait au même rythme qu'elles. Elle sourit.
— Vraiment ? Tu veux dire qu'on serait capable de voir dans le noir ET d'avoir des moustaches ? Mais pourquoi ajouter les graines de Myrrh, alors ? l'interrogea-t-elle comme si c'était la chose la plus illogique qu'elle eut entendue.
Elle accompagna sa question d'un geste près des joues, mima les moustaches, et laissa échapper un éclat de rire. La jeune Summerbee s'imaginait déjà arpenter les nuits sauvages en miaulant comme une dératée. Pas très sécuritaire lors d'une échappée en pleine forêt, mais elle était certaine d'en revenir avec d'excellents souvenirs. Peut-être qu'elle tenterait de confectionner cette potion. Elle n'était pas très douée en la matière, cependant...
— Est-ce qu'on risque autre chose avec une potion mal concoctée ? osa-t-elle demander avec une pointe de honte dans la voix.
Le risque imaginé de cette potion quitta cependant vite son esprit lorsque l'homme l'autorisa à nourrir les Chamanites. Il détourna les yeux un instant et, cette fois, Ilya décela son mouvement. Il ne semblait pas entièrement à l'aise. Pourtant, Ilya trouvait qu'il était l'un des rares à ne pas détonner parmi la flore environnante, doucereuse et belle à la fois. Il avait des mains faites pour le travail des plantes, et cette aura, dans son regard, qui transportait tant.
— Ils sont vraiment comme des chats, hein...
Elle murmura, amusée, tandis que le sorcier appelait un petit flacon à l'aide d'un accio. Ilya l'attrapa des deux mains lorsqu'il le lui tendit, d'un sourire timide, auquel elle répondit d'un petit soubresaut enjoué des épaules. Elle rayonnait, trop heureuse de pouvoir interagir avec une nouvelle espèce. Elle avait l'impression qu'il partageait un secret avec elle, et elle se sentit privilégiée. Son cœur se réchauffa de bonheur.
— Merci !
Puis, après avoir observé le flacon juste au bout de son nez, elle ajouta :
— Comment dois-je faire ? Je peux déposer une goutte sur le doigt ?
Elle se retenait de sautiller d'enthousiasme, les leçons d'éducation de son père toujours ancrée au fond de son esprit. Toujours être mesurée, lui rappelait-il sans cesse. Mais comment pouvait-elle l'être dans un instant pareil ?
- InvitéInvité
Re: Le langage des fleurs (f. Levius)
Jeu 1 Aoû 2019 - 12:28
Levius considérait la jeune femme d'un air absent. Il avait, comme à l'habitude, un pied dans le rêve et un autre dans la réalité, ses songeries s'épaississant à mesure que son interlocutrice lui donnait matière à songer.
Cela dit, sa remarque parvint tout de même à le désarçonner, car il n'avait pas l'habitude de croiser des individus doté de cette logique juvénile qui le caractérisait lui même. Il fallait bien le dire, Levius s'était un peu ternis avec l'âge : les carcans de la société aidant, il avait délaissé une part de sa créativité naturelle de sorte à adopter un fonctionnement plus pragmatique (mais assez froid en contrepartie).
Ce n'était pas la mort de son jeune esprit cependant, simplement sa mise en sommeil... Et il allait sans dire que d'avoir affaire au bon sens enfantin ravivait la plante qu'il avait dans le cœur. Levius eut donc un petit haussement de sourcil, comme il paraissait réfléchir sérieusement à cette question. Puis, il haussa les épaules et répondit le plus sincèrement du monde.
« Je ne sais pas... La plupart des gens n'aiment pas ça, je crois.
Le jeune homme ne contint pas l'étirement d'un sourire sur ses joues, comme la demoiselle mimait les moustaches du chat. Rectifiant la position de ses lunettes sur son nez il se dit que dans le fond, ça ne lui déplairait pas non plus, d'avoir des moustaches et de miauler.
« Je me demande comment mes chats réagiraient...
Fit-il à voix basse, presque pour lui-même. Il imaginait la scène... Lui, à demi transformé arpentant les allées de la ferme, la demi douzaine de chats du coin sur son sillage. Ce qui est sûr, c'est que ça ne manquerait pas d'allure...
Cependant, comme la demoiselle avait encore des questions dans son chapeau et Levius s'efforça de revenir à la réalité.
« Il faut faire très attention avec les potions. Dit-il. Surtout quand certains ingrédients sont toxiques... Il faut bien respecter les dosages, autrement on risque de s'empoisonner. Et au delà de ça, on peut se retrouver avec des effets indésirables permanents... Par exemple, je connais quelqu'un qui s'est rajeuni après avoir bu une potion ratée.
Le jeune homme parlait d'un ton particulièrement concerné, car il s'agissait là d'un sujet qui le passionnait. Cela dit, il comprenait bien qu'à travers la question de la demoiselle se cachait l'aveux de son amateurisme. Sans doute n'était-elle pas experte en la matière... Peut-être simplement passionnée de botanique ?
Levius ne se perdit par trop en conjonctures toutefois. L'instant était agréable et, pour une fois, il avait envie de discuter... Alors, la conversation prendrait bien le temps nécessaire et il lui demanderait ce qu'il voulait quand il aurait l'impression que ce serait le bon moment. Pour l'heure, il avait envie de jouer avec les chamanites et lui montrer d'autres choses intéressantes. Rien n'était plus plaisant pour un passionné que de partager son domaine de prédilection, après tout.
« Oui. Dit-il. Sinon il y a la pipette, ou la cuillère.
Le garçon sorti les deux de sa mallette. Après les avoir posé sur le plan de travail, il croisa les mains et regarda la jeune femme faire.
« C'est mon grand-père qui a découvert cette variété. Dit-il, les yeux échoués sur les petits bonnets à oreille. Il s'est rendu dans une région reculée des Balkans et les a échangé contre une demi douzaine de bois de cerf à des géants... C'était il y a longtemps. Je ne sais pas si il y a toujours des géants dans cette régions.
Cela dit, sa remarque parvint tout de même à le désarçonner, car il n'avait pas l'habitude de croiser des individus doté de cette logique juvénile qui le caractérisait lui même. Il fallait bien le dire, Levius s'était un peu ternis avec l'âge : les carcans de la société aidant, il avait délaissé une part de sa créativité naturelle de sorte à adopter un fonctionnement plus pragmatique (mais assez froid en contrepartie).
Ce n'était pas la mort de son jeune esprit cependant, simplement sa mise en sommeil... Et il allait sans dire que d'avoir affaire au bon sens enfantin ravivait la plante qu'il avait dans le cœur. Levius eut donc un petit haussement de sourcil, comme il paraissait réfléchir sérieusement à cette question. Puis, il haussa les épaules et répondit le plus sincèrement du monde.
« Je ne sais pas... La plupart des gens n'aiment pas ça, je crois.
Le jeune homme ne contint pas l'étirement d'un sourire sur ses joues, comme la demoiselle mimait les moustaches du chat. Rectifiant la position de ses lunettes sur son nez il se dit que dans le fond, ça ne lui déplairait pas non plus, d'avoir des moustaches et de miauler.
« Je me demande comment mes chats réagiraient...
Fit-il à voix basse, presque pour lui-même. Il imaginait la scène... Lui, à demi transformé arpentant les allées de la ferme, la demi douzaine de chats du coin sur son sillage. Ce qui est sûr, c'est que ça ne manquerait pas d'allure...
Cependant, comme la demoiselle avait encore des questions dans son chapeau et Levius s'efforça de revenir à la réalité.
« Il faut faire très attention avec les potions. Dit-il. Surtout quand certains ingrédients sont toxiques... Il faut bien respecter les dosages, autrement on risque de s'empoisonner. Et au delà de ça, on peut se retrouver avec des effets indésirables permanents... Par exemple, je connais quelqu'un qui s'est rajeuni après avoir bu une potion ratée.
Le jeune homme parlait d'un ton particulièrement concerné, car il s'agissait là d'un sujet qui le passionnait. Cela dit, il comprenait bien qu'à travers la question de la demoiselle se cachait l'aveux de son amateurisme. Sans doute n'était-elle pas experte en la matière... Peut-être simplement passionnée de botanique ?
Levius ne se perdit par trop en conjonctures toutefois. L'instant était agréable et, pour une fois, il avait envie de discuter... Alors, la conversation prendrait bien le temps nécessaire et il lui demanderait ce qu'il voulait quand il aurait l'impression que ce serait le bon moment. Pour l'heure, il avait envie de jouer avec les chamanites et lui montrer d'autres choses intéressantes. Rien n'était plus plaisant pour un passionné que de partager son domaine de prédilection, après tout.
« Oui. Dit-il. Sinon il y a la pipette, ou la cuillère.
Le garçon sorti les deux de sa mallette. Après les avoir posé sur le plan de travail, il croisa les mains et regarda la jeune femme faire.
« C'est mon grand-père qui a découvert cette variété. Dit-il, les yeux échoués sur les petits bonnets à oreille. Il s'est rendu dans une région reculée des Balkans et les a échangé contre une demi douzaine de bois de cerf à des géants... C'était il y a longtemps. Je ne sais pas si il y a toujours des géants dans cette régions.
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